L'utopie de Charles Fourrier (Simone Debout)

De La Terre permise à La Ville de Transition, les essais réunis ici cherchent à retrouver, non pas un système passé, mais la présence entre le désir et le réel d'un rêve séculaire et d'une autre histoire.

Ils suivent les tours et les détours d'une critique affirmative, d'une parole unique de colère et de confiance qui tend à recréer l'accord de nos intentions sensibles ou affectives et du monde.

La "nature, dit Fourier, la nature intentionnelle de l'homme", recèle des germes endormis, comme autant de sons étouffés, les chiffres oubliés de l'Harmonie ou les syllabes disjointes de l'histoire, d'est-à-dire qu'une chaîne véridique est à nouer, des circuits de raisons mais non tant plausibles ou démontrables, fermées sur elles-même les vies singulières qu'elles vont changer.

Lieu de l'illusion, disent les philiosophes et les savants. Illusion réelle, réplique l'utopiste, et il démasque en regard le réel illusoire : "Matérialistes ou edéaliestes, tous des idéologues", ces réalistes de la matière ou de l'idée projettent une fiction oppressive qu lieu de comprendre l'appel et l'accueil qui nous ouvrent à l'autre et au sens.

Fourier ne partage pas les idées du libéralisme bourgeois, son idéologie du progrès puise sa théorie dans les découvertes en mathématiques et en physique. Une partie de la bourgeosie du XVIIème se retrouve dans ces découvertes et y voit une base à l'individualisme.

Il refuse toute idée de révolution, mais il garde de la Révolution française l'égalitarisme, l'esprit révolutionnaire et un certain internationalisme. Pour lui, cette révolution a échoué car elle s'est attaquée au problème social sans poser comme élément central la question des passions. C'est ainsi qu'il place l'amour comme élément central de son analyse.

Pour Fourier, l'humanité en est rendue au cinquième stade de son histoire. Elle a connu successivement : l'Eden, la Sauvagerie, le Patriarcat, la Barbarie (qui correspond au début du capitalisme). L'époque contemporaine est celle de la Civilisation, c'est-à-dire du capitalisme en plein essor. L'étape suivante sera celle de l'Harmonie, encore appelée Ordre sociétaire ou Ordre combiné. Il prévoit que cette période durera 35 000 ans. Les humains y vivront jusqu'à l'âge de 144 ans. Avec l'évolution, un cinquième membre poussera sur les êtres humains, qui les rendra aptes à résister à l'environnement. De plus le climat sera tempéré.

Fourier aspire à une "morale civilisée" qui ferait la fision entre l'amour et la politique. Et cet amour ne devra pas être fondé sur l'éloquence, pourtant très à la mode en France à l'époque. Son but est de comprendre les passions, les classifier pour finalement dompter les sentiments d'amour. Il va les classifier.

Conscient du malheur des gens, en particulier dans les milieux pauvres, Fourier pense qu'il faut repartir à zéro. Il ne pense pas que ce sont les bases de la société capitaliste qui peuvent permettre d'élaborer un avenir pour tous les humains. Il préfère élaborer des textes qui tournent le dos à la violence de la société. Cette violence, il la met en relation avec le capitalisme naissant : "les manufactures prospèrent en raison de l'appauvrissement de l'ouvrier". Il pense qu'il faut changer la société, la refonder sur des bases nouvelles. C'est le projet des phalanstères.

Le principe :

Les phalanstères composent plusieurs phalanges, qui toutes réunies en une fédération mondiale donnet l'Harmonie. Cette société parfaite est le produit d'un calcul mathématique, et non pas de la lutte des classes. Dans chaque phalanstère, il ne peut y avoir qu'un nombre fixe et limité d'habitants, à savoir 1600, avec un équilibre des passions, de façon à pouvoir arriver à une société "chimiquement" parfaite. Il s'agit donc d'un système fondé sur les sentiments.

Le premier phalanstère est fondé par Nicols Ledoux à Condé-sur-Vesgne, à proximité de Rambouillet (Seine-et-Oise) en 1932. Ce fut un échec total.

Fourier reste une référence plus littéraire que militante.

Mon avis : Ce livre n'est, certes, pas un roman, mais je trouve intéressant et enrichissant de s'interesser à la pensée de nos philosophes. Cependant, j'admet qu'il la lecture et la compréhension ne sont pas toujours aisées.

Comments

[Philarmor]

Merci pour cette découverte. Bien tenté de m'y plonger.
Bonne journée
Philippe